Nous recherchons Jésus... 

Mythe ou réalité!  

3.3.2 Les sources juives 

a) FLAVIUS Josèphe 37-100 

Les antiquités juives (93-94). Dans ce dernier ouvrage, deux passages nous intéressent: 

  • Le moins discuté est celui où Flavius Josèphe rapporte la mort de Jacques. 

Ananus rassemble le sanhédrin des juges et fit comparaître devant eux Jacques le frère de Jésus, dit le Christ, ainsi que quelques autres; il les accusa d’avoir violé la loi et les livra à la lapidation. (Antiquités juives, XX, 200);

En ce temps-là paraît Jésus, homme sage, si toutefois il faut l’appeler homme; car il était l’auteur d’oeuvres prodigieuses, le maître des hommes qui reçoivent avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Juifs et aussi beaucoup de Grecs. Il était le Christ. Et comme, sur la dénonciation des premiers parmi nous, Pilate l’avait condamné à la croix, ceux qui l’avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. (Car il leur apparut le troisième jour, vivant à nouveau; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet.) Jusqu’à maintenant encore, le groupe des chrétiens, ainsi nommé à cause de lui, n’a pas disparu. (Antiquités juives, XVIII, rapporté par Eusèbe, Histoire ecclésiatiques, I, 11). 


Ce passage pose problème, car il a des résonances pratiquement chrétiennes. Or, Origène qui avait lu Flavius Josèphe déclare de lui: " Tout en refusant de croire en Jésus comme Christ (...), il n’était pas loin de la vérité " (Contra Celsum, I, 47). Par contre, Eusèbe en fait pratiquement un témoin juif en faveur de la messianité de Jésus. D’où l’idée qu’il s’agit peut-être d’une interpolation chrétienne insérée entre le temps d’Origène et 325. Dès le XVIe siècle, on mettait en doute l’authenticité de ce passage et, dans son editor maior des Antiquités juives en 1890, Niese mettait ce passage entre crochets. Depuis lors, la discussion a connu de nombreux rebondissements et hypothèses. Si certains critiques continuent de rejeter le passage comme inauthentique, plusieurs autres, pensent plutôt que le passage a été glosé*, hypothèse défendue pour la première fois simultanément en 1941 par Richards en Angleterre et Martin en Belgique.


Tout d’abord, personne ne conteste que le vocabulaire et le style soient ceux de Fl. Josèphe et il est remarquable que le passage soit attesté dans tous les manuscrits. Par ailleurs, il est tout à fait vraisemblable que Josèphe, écrivant dans les années 90 et connaissant bien des mouvements juifs aussi divers que les pharisiens, les sadducéens, les esséniens et les zélotes, connaisse aussi les chrétiens. Par souci de sa réputation historique, il était normal qu’il en parle. Pour lui qui était pharisien, la dissidence essénienne était au moins aussi étrangère que la chrétienne. D’où l’hypothèse de l’authenticité globale du morceau sur les chrétiens, à l’exception des passages notés en caractères gras. On peut supposer que ceux-ci avaient d’abord été ajoutés en marge par un copiste chrétien, à titre de complément, de commentaire. Un autre copiste a pu croire à un passage omis et l’insérer dans le texte. Il faut savoir que c’est dans le monde chrétien que les oeuvres de Josèphe ont été transmises. Par contre, il n’y a aucune raison de faire la même supposition pour le passage entre crochets. En effet, il peut très bien avoir été écrit par Josèphe comme rapportant le point de vue des disciples de Jésus (ce que devait faire un historien) et le vocabulaire n’est pas celui qui est devenu classique chez les chrétiens. Par exemple, le mot grec utilisé par Josèphe pour les apparitions est ephanè et non le mot chrétien habituel ôphthè

b) Le Talmud de Babylone (VIe s) 

Il ajoute à la Mishnah des traditions non reprises dans celle-ci par les docteurs tannaïm (enseignants). Dans le traité Sanhédrin, on lit:: 

La tradition rapporte: la veille de la Pâque, on a pendu Jésus. Un héraut marcha devant lui durant quarante jours disant: il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Que ceux qui connaissent le moyen de le défendre viennent et témoignent en sa faveur. Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et donc on le pendit la veille de la Pâque. (Sanhédrin, 43a) 

Ce texte apparaît comme une justification de la mise à mort de Jésus qui n’est pas contestée, mais validée. Par ailleurs, il suggère que ce dernier aurait normalement dû subir le supplice de lapidation réservé aux condamnés pour motif religieux, et non celui de crucifixion (pendaison à la croix) réservé aux droits communs et aux esclaves. Enfin, il confirme la chronologie adoptée par Jean qui fixe la mort de Jésus à la veille et non le soir de la Pâque, comme le suggèrent les synoptiques qui font du dernier repas de Jésus un repas pascal.


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